Ces agricultrices transforment les braconniers en protecteurs de gorilles
Dans le cœur humide et luxuriant du Parc national de la forêt impénétrable de Bwindi, en Ouganda, se trouve le village de Mpungu. Un endroit connu pour sa nature à la beauté sauvage, son attrait ornithologique, son importante population de gorilles de montagne… mais aussi pour son braconnage. Toutefois, un groupe d’agricultrices est bien parti pour changer la donne. Elles se sont mobilisées contre le braconnage auprès de leurs concitoyen·nes.
Le village de Mpungu possède une triste réputation. Ce serait l’endroit où se trouver les braconniers les plus dangereux en Ouganda. En effet, ceux-ci n’hésitent pas à s’aventurer dans les zones strictement protégées du parc. Ils utilisent des chiens et des pièges à collet pour attraper des animaux sauvages et alimenter le trafic de viande de brousse. Si les gorilles ne sont pas toujours la cible principale des braconniers, ils peuvent néanmoins perdre la vie à cause des blessures provoquées par ces pièges, ou être contaminés par des maladies transmises par les personnes entrant illégalement et sans précaution dans le parc. Étant donné leur proximité génétique avec l’humain, les grands singes sont extrêmement vulnérables à nos maladies. Un simple rhume peut leur être fatal.
©IGCP
Malgré plusieurs avertissements et arrestations par les autorités du parc, la tendance au braconnage était en augmentation ces dernières années autour du parc. Mais récemment, un groupe de militantes a pris les choses en main. Ces femmes, mères, filles ou épouses de braconniers pour la plupart, sont en effet bien déterminées à écrire une autre histoire, tant pour les habitant·es de Mpungu que les gorilles de montagne qui peuplent le parc.
Ces femmes ont été formées et sont devenues de véritables ambassadrices de la protection des gorilles et de la faune du parc. Après leur formation, ces femmes consacrent leur temps à sensibiliser la communauté contre le braconnage et elles ont déjà transformé environ 40 braconniers en protecteurs de gorilles.
Les agricultrices de Mpungu ont également reçu de l’IGCP (l’International Gorilla Conservation Programme) un soutien pour investir dans la culture d'oignons. Le projet a contribué à réduire les conflits entre humains et faune sauvage, car les oignons, à l’inverse d’autres fruits et légumes cultivés dans la région, n’attirent pas les gorilles. Les revenus générés par la culture d’oignons ont permis aussi de changer les comportements. « Nous avons découvert une autre manière de gagner notre vie sans empiéter sur le parc. Nous avons également appris que nous ne pouvons bénéficier du tourisme que si nous luttons contre le braconnage », explique Jane Tugumisirize, épouse d'un ancien braconnier.
©IGCP
Après une récolte d'oignons exceptionnelle, les femmes de Buremba ont trouvé un meilleur moyen de gagner leur vie sans empiéter sur le parc.
Les agricultrices ont récolté plus de 45 sacs (4 500 kg) et ont vendu chaque sac à 68 $. « Nos maris ont renoncé au braconnage après avoir reçu les fonds de l'IGCP, et encore plus après la récolte abondante d’oignons. Ils ont réalisé que chasser pour de la viande de brousse n'était pas un moyen durable de vivre ».
Cette histoire nous montre qu’il est important d’avoir une approche de conservation inclusive (qui intègre donc tout le monde). Pendant longtemps, les femmes ont été exclues de nombreuses initiatives de conservation. Cela avait des impacts négatifs. Maintenant que des groupes de femmes autour du Parc national de la forêt impénétrable de Bwindi sont impliquées, il y a du changement ! Il y a des solutions de conservation contre le braconnage et les conflits entre l’humain et la faune. Et des solutions pour protéger les gorilles de montagne dans la région !